Allergie au gluten ou intolérance ?
Comprendre les différences pour mieux se nourrir
Camil Regragui
4/4/20254 min read
Gluten : Allergie ou Intolérance ? Ce qu’il faut vraiment savoir
Ces dernières années, le mot gluten est devenu un sujet brûlant dans le monde de la nutrition. Affiché sur les emballages, discuté autour des tables, parfois même diabolisé, le gluten soulève des interrogations : pourquoi certaines personnes doivent-elles l’éviter à tout prix ? Et surtout, s’agit-il d’une allergie ou d’une intolérance ? Deux termes souvent confondus, mais qui recouvrent des réalités très différentes sur le plan médical et nutritionnel.
Une confusion fréquente, aux conséquences bien réelles
Il n’est pas rare d’entendre quelqu’un affirmer qu’il est “allergique au gluten”, alors que, dans la majorité des cas, il s’agit en réalité d’une maladie cœliaque ou d’une sensibilité non cœliaque au gluten. L’allergie vraie au blé, elle, est beaucoup plus rare. Pourtant, bien faire la distinction est essentiel, car les conséquences, les risques et les traitements sont loin d’être les mêmes.
L’allergie au blé : une réaction immédiate et potentiellement grave
L’allergie alimentaire implique une réaction anormale du système immunitaire, médiée par des anticorps de type IgE. Dans le cas de l’allergie au blé, c’est l’ensemble des protéines du blé qui peuvent être en cause, et pas uniquement le gluten. Cette allergie se manifeste généralement peu après la consommation de l’aliment concerné, souvent en quelques minutes. Les symptômes sont souvent spectaculaires : éruptions cutanées, œdèmes, troubles digestifs, voire troubles respiratoires et choc anaphylactique dans les cas les plus graves.
Ce type d’allergie est plus fréquent chez l’enfant, et peut parfois disparaître avec l’âge. Chez l’adulte, elle est plus rare, mais elle impose une éviction stricte du blé, et non uniquement du gluten. Le diagnostic repose sur un bilan allergologique incluant des tests cutanés et le dosage des IgE spécifiques.
La maladie cœliaque : une maladie auto-immune déclenchée par le gluten
Contrairement à l’allergie, la maladie cœliaque n’est pas une réaction immédiate mais une maladie chronique, auto-immune, qui se déclenche suite à la consommation de gluten chez des personnes génétiquement prédisposées. Le gluten provoque alors une réaction immunitaire qui détruit progressivement les villosités de l’intestin grêle, ces petites structures essentielles à l’absorption des nutriments. Résultat : des troubles digestifs (diarrhées, douleurs abdominales, ballonnements), une fatigue importante, une perte de poids, ou encore des carences en fer, calcium, acide folique ou vitamine B12.
Chez l’enfant, cela peut entraîner un retard de croissance, tandis que chez l’adulte, les symptômes sont parfois plus diffus et tardifs. La seule façon de poser un diagnostic fiable est de faire un dosage sanguin des anticorps (anti-transglutaminase notamment), suivi d’une biopsie intestinale, sous régime contenant du gluten. En cas de confirmation, l’éviction du gluten doit être totale et définitive, car même une faible exposition peut réactiver l’inflammation.
La sensibilité au gluten non cœliaque : une zone grise encore mal définie
Et puis il y a ceux qui ne sont ni allergiques, ni cœliaques, mais qui se sentent tout de même mieux lorsqu’ils suppriment ou réduisent le gluten. Maux de ventre, ballonnements, fatigue, troubles de l’humeur : leurs symptômes sont bien réels, mais ils ne s’accompagnent d’aucun marqueur biologique spécifique, ni d’atteinte de la muqueuse intestinale.
On parle alors de sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC), une entité encore mal comprise scientifiquement. Certains chercheurs avancent que les symptômes pourraient être liés à d’autres composés du blé, comme les FODMAPs (des sucres fermentescibles responsables de gaz et de ballonnements), ou à des protéines du blé autres que le gluten. Dans tous les cas, le diagnostic repose sur une démarche d’exclusion et de réintroduction encadrée : le gluten est supprimé pendant quelques semaines, puis réintroduit pour observer si les symptômes réapparaissent.
Contrairement à la maladie cœliaque, l’éviction dans la SGNC n’a pas besoin d’être aussi stricte, et peut être adaptée au ressenti individuel. L’aide d’un diététicien est précieuse pour éviter des restrictions inutiles et déséquilibrées.
Éviction du gluten : attention aux carences
Supprimer le gluten, surtout de manière non encadrée, peut exposer à certains risques nutritionnels. Les produits sans gluten industriels sont parfois pauvres en fibres, en vitamines B, en fer ou en zinc. Ils peuvent aussi être plus riches en sucres ou en graisses ajoutées.
Lorsqu’une éviction est nécessaire, il est donc important de privilégier des alternatives naturellement sans gluten et nutritionnellement intéressantes, comme le sarrasin, le quinoa, le millet, le riz complet, ou encore les légumineuses et les légumes riches en amidon.
Ce qu’il faut retenir
Allergie, maladie cœliaque, sensibilité… derrière les mêmes symptômes digestifs, se cachent des causes très différentes. Un vrai diagnostic, basé sur des examens médicaux, est indispensable avant toute éviction. Car éliminer le gluten n’est pas toujours justifié, et peut même, dans certains cas, masquer une autre pathologie ou entraîner des carences.
Avant de changer radicalement votre alimentation, mieux vaut consulter un médecin et un diététicien formé à ces problématiques. Bien manger, ce n’est pas suivre les tendances, mais écouter son corps… et l’accompagner intelligemment.
Camil Regragui.
Nutritionniste à Casablanca, CIL
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