Comment notre cerveau peut modifier rapidement notre microbiote intestinal
Le cerveau influence-t-il le microbiote intestinal ?
Camil Regragui
5/3/20252 min read
Comment notre cerveau peut modifier rapidement notre microbiote intestinal
Depuis quelques années, la recherche nous a habitués à entendre que notre microbiote intestinal influence notre cerveau : humeur, appétit, comportement…
Mais une question intrigante restait posée : et si le cerveau pouvait, lui aussi, influencer directement la composition de notre microbiote ?
C’est précisément ce qu’une étude récente publiée dans Nature Metabolism en avril 2025 explore avec brio.
Un dialogue cerveau-intestin... dans les deux sens
Traditionnellement, on savait que les bactéries de notre intestin produisent des molécules capables d'affecter le cerveau.
Cependant, cette nouvelle recherche montre que le cerveau peut également agir directement sur la composition du microbiote, de manière rapide et ciblée.
Comment les chercheurs ont-ils procédé ?
Pour mener cette expérience, les scientifiques ont utilisé des souris mâles.
Ils ont activé ou inhibé deux types spécifiques de neurones situés dans l’hypothalamus :
Les neurones POMC (pro-opiomélanocortine), qui réduisent l'appétit,
Les neurones AgRP (agouti-related peptide), qui stimulent l'appétit.
Ils ont utilisé des techniques de chimogénétique (un outil pour contrôler l'activité des neurones) et injecté directement dans le cerveau des hormones comme la leptine (hormone de la satiété) ou la ghréline (hormone de la faim).
Ensuite, ils ont étudié comment le microbiote intestinal des souris changeait, en utilisant des analyses génétiques de pointe.
Résultats impressionnants
Une modulation rapide : En seulement 2 à 4 heures après l’activation de certaines voies cérébrales, la composition du microbiote intestinal était déjà modifiée.
C’est extrêmement rapide comparé aux changements habituels du microbiote observés avec l’alimentation ou les antibiotiques.
Un rôle clé du système nerveux sympathique : Les modifications du microbiote étaient associées à une stimulation du système nerveux sympathique, qui influence notamment les muscles intestinaux et le flux sanguin.
Des différences selon l’état métabolique : Chez des souris obèses induites par une alimentation riche, le cerveau n’arrivait plus aussi bien à modifier le microbiote via la leptine.
Cela montre que l’obésité pourrait altérer cette communication cerveau-intestin.
Pourquoi cette découverte est-elle importante ?
Cette étude démontre que le cerveau peut moduler le microbiote intestinal très rapidement, et pas seulement de manière indirecte à travers des changements alimentaires.
Cela ouvre des perspectives fascinantes :
Mieux comprendre l'origine de certaines maladies métaboliques (obésité, diabète, etc.),
Développer de nouvelles thérapies ciblant le cerveau pour influencer positivement le microbiote,
Adapter des stratégies de traitement en tenant compte de l’état métabolique des patients.
Cette étude souligne que l'axe cerveau-intestin est encore plus complexe et interactif qu'on ne l'imaginait. Le microbiote ne "parle" pas seulement au cerveau : le cerveau peut aussi parler au microbiote, et très vite !
Camil Regragui
Nutritionniste à Casablanca, CIL
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