Épigénétique et nutrition : quand notre alimentation influence nos gènes
Épigénétique et Alimentation
Camil Regragui
5/12/20252 min read
Épigénétique et nutrition : quand notre alimentation influence nos gènes
La génétique, c’est ce que nous héritons de nos parents. Mais l’épigénétique ? C’est l’art de moduler cette génétique sans en changer le code. Et dans ce jeu subtil d’interrupteurs biologiques, la nutrition joue un rôle bien plus grand qu’on ne l’imagine.
Comprendre l’épigénétique en quelques mots
Imaginez votre ADN comme un immense livre de recettes : chaque gène est une recette pour fabriquer une protéine, une molécule ou une fonction de votre corps. Mais toutes les recettes ne sont pas utilisées en même temps. L’épigénétique, c’est le système qui décide quelles pages sont ouvertes, marquées ou refermées — sans déchirer une seule page.
Les mécanismes épigénétiques incluent notamment :
La méthylation de l’ADN : un petit groupe chimique (méthyle) vient se fixer sur certaines bases de l’ADN, réduisant l’expression des gènes concernés.
Les modifications des histones : les protéines autour desquelles s’enroule l’ADN peuvent être modifiées, ce qui rend certaines régions de l’ADN plus ou moins accessibles.
Les ARN non codants, qui régulent l’activité des gènes sans produire de protéines.
Ces changements sont réversibles, influencés par l’environnement, et transmissibles au moins partiellement aux générations suivantes.
Nutrition et épigénétique : un dialogue constant
Certains nutriments peuvent influencer ces mécanismes. Ce que nous mangeons peut "activer" ou "désactiver" des gènes, modifiant nos risques de développer certaines maladies.
1. Folate, vitamine B12, choline et méthylation
Ces nutriments sont essentiels pour les réactions de méthylation. Une alimentation pauvre en folates ou en vitamine B12 peut affecter le bon fonctionnement de la méthylation de l’ADN, perturbant l’expression de gènes impliqués dans la croissance cellulaire ou la prévention des cancers.
2. Polyphénols et inflammation
Des composés comme la curcumine (curcuma), l’épigallocatéchine (thé vert) ou le resvératrol (raisin rouge) peuvent influencer les enzymes épigénétiques et réduire l’expression de gènes pro-inflammatoires ou cancérigènes.
3. Acides gras oméga-3
Ils semblent moduler certains gènes liés à l’inflammation ou au métabolisme des graisses, notamment via des modifications épigénétiques sur les cellules immunitaires et hépatiques.
4. Obésité et programmation épigénétique
Des études montrent que des déséquilibres nutritionnels pendant la grossesse (ex. excès ou carence en certains nutriments) peuvent entraîner des modifications épigénétiques chez le fœtus, augmentant son risque de développer plus tard du diabète de type 2, une obésité ou une hypertension.
Épigénétique et prévention : vers une nutrition personnalisée ?
L’un des grands espoirs de l’épigénétique est de mieux comprendre pourquoi certaines personnes sont plus sensibles que d’autres aux effets de l’environnement ou de l’alimentation. Cela ouvre la voie à une nutrition de précision, adaptée à notre profil épigénétique, pour prévenir ou retarder certaines maladies chroniques.
Loin d’être figée, notre expression génétique est dynamique et sensible à ce que nous mettons dans notre assiette. Bien manger, c’est donc aussi parler à nos gènes de la meilleure manière possible. Et si la génétique écrit les premières lignes de notre histoire, l’épigénétique — et donc notre mode de vie — tient la plume du reste du récit.
Camil Regragui.
Nutritionniste à Casablanca, CIL
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