Le jeûne intermittent : miracle métabolique ou simple effet de mode ?

Le jeûne intermittent, bon ou mauvais ?

Camil Regragui

4/28/20253 min read

an open book with a picture of a waterfall
an open book with a picture of a waterfall

🕐 Le jeûne intermittent : miracle métabolique ou simple effet de mode ?

Longtemps perçu comme une pratique spirituelle ou culturelle, le jeûne intermittent (ou intermittent fasting) a récemment envahi les réseaux sociaux et les publications bien-être. Promu pour ses effets sur la perte de poids, la longévité et même la clarté mentale, il est devenu un véritable phénomène. Mais au-delà du buzz : que dit vraiment la science ?

Qu’est-ce que le jeûne intermittent ?

Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes d’alimentation et des périodes de jeûne, sans forcément réduire les calories globales.

Les formes les plus courantes :

  • Le 16/8 : 16h de jeûne, 8h d’alimentation (ex : repas entre 12h et 20h)

  • Le 5:2 : 5 jours d’alimentation normale, 2 jours très hypocaloriques (500-600 kcal)

  • Le jeûne un jour sur deux : alternance d’un jour d’alimentation normale et d’un jour de jeûne ou restriction sévère

Que se passe-t-il dans le corps pendant un jeûne ?

Pendant le jeûne, l’organisme puise dans ses réserves :

  • Après ~12h : chute de l’insuline, le corps mobilise les graisses

  • Au-delà de 16-24h : production de corps cétoniques (source d’énergie alternative au glucose)

  • Stimulation de l’autophagie, un mécanisme de nettoyage cellulaire (démontré chez l’animal)

Résultats observés chez l’humain :

  • Baisse de l’insulinémie et de la glycémie à jeun

  • Amélioration du profil lipidique

  • Perte de masse grasse (si le bilan énergétique est négatif)

  • Réduction des marqueurs inflammatoires dans certaines études

Ce que dit la science… et ce qu’elle ne dit pas (encore)

Des études cliniques de bonne qualité (notamment randomisées) ont montré que le jeûne intermittent peut être aussi efficace qu’un régime hypocalorique classique pour la perte de poids (1, 2). Il présente même un intérêt particulier chez les personnes ayant une insulinorésistance ou un syndrome métabolique.

Cependant :

  • Les effets à long terme restent peu étudiés

  • Les résultats varient fortement selon le type de jeûne, le sexe, l’âge et les antécédents médicaux

  • Certains effets (autophagie, longévité) sont surtout démontrés chez l’animal, pas encore confirmés chez l’humain

Est-ce fait pour tout le monde ?

Le jeûne intermittent n’est pas dangereux chez l’adulte en bonne santé, mais il n’est pas recommandé dans certains cas :

  • Enfants et adolescents

  • Femmes enceintes ou allaitantes

  • Personnes diabétiques sous traitement hypoglycémiant

  • Personnes ayant des antécédents de troubles du comportement alimentaire

  • En cas de travail de nuit, il peut perturber davantage l’horloge biologique

De plus, certaines personnes réagissent mal aux longues périodes de jeûne : fatigue, irritabilité, troubles digestifs, compulsions alimentaires en fin de journée…

Et côté nutrition, est-ce que le contenu compte ?

Oui, ce que l’on mange reste fondamental. Le jeûne intermittent ne donne pas carte blanche pour consommer n’importe quoi. Une alimentation déséquilibrée, riche en sucres raffinés et en produits ultra-transformés, annule une grande partie des bénéfices.

Les meilleurs résultats sont observés lorsque le jeûne est combiné à :

  • Une alimentation riche en fibres, en légumes, en graisses de qualité (huile d’olive, oléagineux)

  • Des apports protéiques suffisants

  • Une hydratation correcte, même pendant le jeûne

Miracle ou effet de mode ?

Le jeûne intermittent n’est pas un remède miracle, mais un outil métabolique potentiellement intéressant, à condition d’être bien adapté à la personne et intégré dans un mode de vie sain.

Il n’est pas supérieur à une restriction calorique classique sur le plan de la perte de poids, mais il peut améliorer l’adhésion chez certains, en particulier ceux qui n’aiment pas les repas fractionnés.

Le jeûne intermittent est loin d’être une simple tendance passagère : les données scientifiques suggèrent des bénéfices réels sur la perte de masse grasse, la régulation de la glycémie et certains marqueurs de santé métabolique. Il peut aussi aider à limiter le grignotage et à simplifier les prises alimentaires chez les personnes qui y trouvent un rythme naturel.

Mais ce n’est pas une solution magique. Il n’est pas forcément plus efficace qu’une alimentation équilibrée répartie sur la journée, et il ne convient pas à tout le monde, notamment en cas de diabète traité, de troubles du comportement alimentaire, ou chez les enfants et les femmes enceintes. Ses effets à long terme sont encore à confirmer.

En somme, c’est un outil potentiellement intéressant, à condition de bien l’adapter à son mode de vie, à ses besoins et à sa santé. L’essentiel reste toujours de manger de manière équilibrée, d’écouter ses sensations corporelles… et de ne pas tomber dans une logique de privation extrême.

Mon conseil

Avant d’adopter le jeûne intermittent, pose-toi ces questions :

  • Est-ce que ce rythme me convient réellement ?

  • Est-ce que je mange équilibré pendant mes fenêtres d’alimentation ?

  • Est-ce que j’écoute vraiment ma faim… ou est-ce que je suis dans le contrôle strict ?

Et si tu veux t’y mettre, fais-le de façon progressive, encadrée, et surtout personnalisée.

Camil Regragui