Syndrome de l’intestin irritable (SII) : comprendre le rôle des FODMAPs

Les ballonnements viennent-ils de votre alimentation ?

Camil Regragui

10/19/20252 min read

The image shows a 3D model of a colon.
The image shows a 3D model of a colon.

Syndrome de l’intestin irritable (SII) : comprendre le rôle des FODMAPs

Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin irritable ?

Le syndrome de l’intestin irritable (SII), ou Irritable Bowel Syndrome (IBS), est un trouble fonctionnel digestif chronique qui touche environ 10 à 15 % de la population mondiale.

Il se manifeste par une association variable de douleurs abdominales, ballonnements, gaz, alternance diarrhée–constipation et inconfort postprandial, sans cause organique identifiée.

Ce n’est pas une maladie inflammatoire, ni une intolérance alimentaire spécifique, mais plutôt un déséquilibre multifactoriel impliquant :

une hypersensibilité viscérale (intestin trop réactif aux distensions),

une altération du microbiote intestinal,

des facteurs psychologiques (stress, anxiété, hypervigilance digestive),

et parfois, une mauvaise adaptation aux sucres fermentescibles : les fameux FODMAPs.

Que sont les FODMAPs ?

Le terme FODMAP est l’acronyme de :

Fermentable Oligo-, Di-, Mono-saccharides And Polyols,

c’est-à-dire des glucides à chaîne courte mal absorbés dans l’intestin grêle et facilement fermentés par les bactéries coliques.

Les principales catégories :

Oligosaccharides : fructanes (blé, oignon, ail), galacto-oligosaccharides (légumineuses).

Disaccharides : lactose (produits laitiers).

Monosaccharides : excès de fructose (pommes, miel, mangue).

Polyols : sorbitol, mannitol (pruneaux, abricots, édulcorants type E420–E421).

Chez les personnes sensibles, ces molécules provoquent :

une fermentation accrue, produisant gaz et distension abdominale,

un appel d’eau dans la lumière intestinale, entraînant diarrhée ou inconfort.

Le régime pauvre en FODMAP : une stratégie validée

Développé par l’équipe de l’Université Monash (Australie), le régime pauvre en FODMAP est aujourd’hui l’une des approches les plus efficaces pour soulager les symptômes du SII.

Les études (Halmos et al., Gastroenterology 2014 ; Staudacher et al., Gut 2017) montrent une amélioration clinique chez 70 à 80 % des patients.

🔹 Étape 1 — Phase d’éviction (4 à 6 semaines)

Suppression temporaire des aliments riches en FODMAPs pour apaiser le système digestif.

Exemples :

Retirer ail, oignon, pommes, miel, blé, lait, légumineuses.

Conserver riz, pommes de terre, courgettes, banane, viande, poisson, œufs.

🔹 Étape 2 — Phase de réintroduction

Réintroduction progressive et contrôlée de chaque famille de FODMAP (fructanes, lactose, polyols...) pour identifier les seuils de tolérance individuels.

Cette phase est cruciale pour éviter les restrictions inutiles et préserver la diversité alimentaire.

🔹 Étape 3 — Personnalisation

Le plan final devient personnalisé, adapté à la tolérance propre du patient et à son mode de vie, afin de maintenir confort digestif et équilibre nutritionnel.

Les limites et précautions

Ce régime est complexe et doit être encadré par un diététicien-nutritionniste formé à la méthode Monash.

Une éviction prolongée sans réintroduction peut appauvrir le microbiote et induire des carences (fibres, calcium, vitamines du groupe B).

Le stress, le manque de sommeil et la sédentarité aggravent souvent les symptômes, indépendamment de l’alimentation.

Le SII est une condition multifactorielle, mais les FODMAPs jouent un rôle clé chez la majorité des patients.

Une approche scientifique, graduée et personnalisée, permet de retrouver un confort digestif durable sans tomber dans l’excès de restriction.

> 💡 L’objectif n’est pas de supprimer tous les FODMAPs, mais de trouver votre juste équilibre digestif.

Camil REGRAGUI